Politiciens : les charmes du cumul…

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PhilippeDavid

 

Cadre dirigeant à l’international.
Auteur de : De la rupture aux impostures

Cher Valéry Giscard d’Estaing,

J’ai eu un véritable choc en lisant les propos que vous avez tenus dimanche dernier lors de l’émission BFMTV/Le Point/RMC. J’ai dû d’ailleurs les relire plusieurs fois tant ils me paraissaient sidérants. Vous avez en effet osé qualifier le peuple français d’ « individualiste et extrêmement tourné vers l’intérêt personnel », avant d’ajouter « les Français ne peuvent pas se gouverner mais quand ils sont bien gouvernés, ils suivent. » Et de citer l’exemple de la réforme des retraites : « Tous les pays d’Europe ont changé leur régime de retraites. Ça s’est fait sans grève et sans débat violent. En France, pour passer de 60 à 62 ans, regardez ce qui s’est passé ! »

Il est vrai que les Français sont « individualistes et tournés vers l’intérêt personnel » pour une bonne et simple raison : ils se comportent exactement comme leur classe politique. Les cumulards, dont vous avez toujours fait partie, ont-ils privilégié leur « intérêt personnel » ou l’intérêt de la Nation et des Français ? Poser la question, c’est y répondre.

Il est vrai que le cumul a de nombreux avantages : il permet de toucher plusieurs salaires pendant la « vie active » et de cumuler les retraites une fois la carrière politique terminée. Ainsi, vous êtes l’homme politique retraité le mieux rémunéré de France, derrière Jacques Chirac : vous cumulez plus de 18 000 € de retraites (au pluriel) mensuelles. Sans parler des 12 000 euros que vous percevez, chaque mois, en tant que membre de droit du Conseil constitutionnel.

Retraite de Président de la République, retraite de député, retraite d’élu local du Puy de Dôme ainsi qu’une retraite d’Inspecteur Général des Finances où vous n’avez travaillé que quatre ans, de 1952 à 1956. On comprend mieux pourquoi nombre de Français ont été hostiles à la réforme des retraites, eux qui savent qu’ils n’en bénéficieront pas à taux plein si, par mésaventure, il leur manquait des trimestres de cotisation.

Quand les Français voient un député toucher une retraite de 1 548 € par mois pour un seul mandat de cinq ans (c’est-à-dire, rappelons-le, un peu plus que la retraite moyenne d’un salarié ayant cotisé plus de quarante années), ils n’ont pas envie de faire les efforts auxquels les politiques, y compris vous, sont incapables de s’astreindre.

Comme vous le dites, « quand les Français sont bien gouvernés, ils suivent ». Malheureusement, étant mal gouvernés depuis maintenant plus de quarante ans par une classe politique qui confond « servir » et « se servir », ils n’ont plus envie de suivre…

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