Le retour fracassant de Montebourg

EXCLUSIF JDD - En plein congrès socialiste, l’ancien ministre de l'Economie s’alarme du désastre français dans une tribune commune avec le banquier Matthieu Pigasse. "Est-il encore possible de sauver le quinquennat?", lance-t-il. Ses propositions pour la baisse des impôts, contre le chômage et pour rompre avec Bruxelles et Berlin.

Au moment où, au congrès à Poitiers, les socialistes se réjouissent de leur unité, à l’heure où Manuel Valls et François Hollande croient en avoir fini avec les débats dans leur camp sur la politique qu’ils mènent, Arnaud Montebourg et Mathieu Pigasse frappent un grand coup.

L’un est un banquier rock and roll (directeur de la banque Lazard), qui était politiquement proche de DSK du temps où ce dernier faisait de la politique. L’autre a été candidat à la primaire de 2011. Ministre du Redressement productif, viré un matin d’août 2014, il a quitté la politique pour se lancer dans le monde de l’entreprise. Montebourg et Pigasse lancent donc dans nos colonnes un pavé dans la mare contre l’austérité qui, écrivent-ils, fait le lit du FN et prépare "le désastre", contre le "conformisme politique" qui mène dans le mur. "Est-il encore possible de sauver ce quinquennat?" demandent les deux hommes de gauche, inclassables et "hébétés" par ce qu’ils voient.

Arnaud Montebourg et Mathieu Pigasse. Reuters.

Comment est née cette alliance? "Nous nous sommes rencontrés il y a peu de temps. Je suis allé le voir pour évoquer la Grèce et l’Espagne. Nous avons discuté de l’austérité. Il a écrit un très bon livre intitulé Eloge de l’anormalité. Moi, je pourfends le conformisme, nous ne pouvions que nous entendre. Nous avons écrit à quatre mains ce papier pour éveiller les consciences de gauche" raconte Arnaud Montebourg

Voici le premier paragraphe de ce long texte d’Arnaud Montebourg et Mathieu Pigasse, à retrouver dimanche dans le JDD.

"Hébétés, nous marchons droit vers le désastre. C’est la démocratie qui est cette fois menacée, car les progrès du Front national dans le pays sont aussi graves que spectaculaires et son accession possible au pouvoir est désormais dans toutes les têtes. Prenant la mesure de la gravité de la situation, peut-être serait-il nécessaire que nos dirigeants cessent de commenter ce que fait ou dit le FN ou que cesse encore cette culpabilisation inutile des électeurs dans cette 'lutte' purement verbale et artificielle 'contre' le Front national. Faire semblant de combattre le FN pour se donner bonne conscience n’a aucun effet. On serait, au contraire, bien avisé d’agir sur les causes réelles et profondes qui jettent des millions de Français dans ses bras : l’explosion du chômage, la hausse de la pauvreté et la montée du sentiment de vulnérabilité dans presque toutes les couches de la société française."

 

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