Etienne Lefebvre / Rédacteur en chef "International, Politique et Economie générale"
 

 

«  Une base de discussion avec le gouvernement en vue du débat budgétaire », dixit le PS. «  Un détricotage en règle du pacte de responsabilité », selon un ministre. Le texte adopté lundi soir à une large majorité par le bureau national du Parti socialiste ne vise pas à corriger à la marge la politique économique de l'exécutif, mais bien à l'infléchir nettement. C'est la suite logique et regrettable d'un congrès de Poitiers ayant accouché d'une motion ambiguë, signée par des ministres expliquant ne pas se sentir liés par des recommandations phares telles que la « réorientation » du pacte. Au coeur du débat : la volonté récurrente de nombreux socialistes de ne pas voter les baisses de prélèvements prévues pour les entreprises en 2016 et 2017 afin de les réaffecter à des baisses d'impôts pour les ménages et des dotations aux collectivités locales. Alors que François Hollande affiche sa détermination de ne pas modifier son pacte, en respectant l'engagement d'une baisse des prélèvements sur les entreprises de 40 milliards d'euros sur 2015-2017, le PS explique doctement que 30 milliards suffisent, tordant les statistiques pour affirmer que le sujet de la perte de compétitivité française serait derrière nous... Les propositions de baisses d'impôts pour les ménages s'apparentent quant à elles à une énième tentative de remettre à l'agenda la « grande réforme fiscale » consistant à rendre la CSG progressive,

 

 

«  Une base de discussion avec le gouvernement en vue du débat budgétaire », dixit le PS. «  Un détricotage en règle du pacte de responsabilité », selon un ministre. Le texte adopté lundi soir à une large majorité par le bureau national du Parti socialiste ne vise pas à corriger à la marge la politique économique de l'exécutif, mais bien à l'infléchir nettement. C'est la suite logique et regrettable d'un congrès de Poitiers ayant accouché d'une motion ambiguë, signée par des ministres expliquant ne pas se sentir liés par des recommandations phares telles que la « réorientation » du pacte. Au coeur du débat : la volonté récurrente de nombreux socialistes de ne pas voter les baisses de prélèvements prévues pour les entreprises en 2016 et 2017 afin de les réaffecter à des baisses d'impôts pour les ménages et des dotations aux collectivités locales. Alors que François Hollande affiche sa détermination de ne pas modifier son pacte, en respectant l'engagement d'une baisse des prélèvements sur les entreprises de 40 milliards d'euros sur 2015-2017, le PS explique doctement que 30 milliards suffisent, tordant les statistiques pour affirmer que le sujet de la perte de compétitivité française serait derrière nous... Les propositions de baisses d'impôts pour les ménages s'apparentent quant à elles à une énième tentative de remettre à l'agenda la « grande réforme fiscale » consistant à rendre la CSG progressive, chantier là encore écarté à plusieurs reprises par l'exécutif. Bien sûr, il y a comme toujours une part de théâtre dans cet affrontement, chacun montrant ses muscles avant les débats budgétaires de l'automne. Mais comment ne pas se lasser de voir la gauche au pouvoir se diviser sur les mêmes sujets, se complaire dans le double discours et se montrer incapable d'assumer pleinement une ligne économique qui ne fait guère débat chez nos voisins.

Plus prosaïquement, une nouvelle période d'incertitude s'ouvre pour les entreprises, et c'est exactement l'inverse de ce qu'il faudrait pour conforter l'investissement et donc la reprise. Une reprise modeste, qui tarde à se traduire par une décrue du chômage, quand d'autres pays européens décollent, à l'instar du Royaume-Uni. Tous les Etats de l'Union européenne entendent poursuivre leurs efforts en faveur de la compétitivité de leurs entreprises, comme l'illustrent les annonces récentes des gouvernements italien, britannique, espagnol ou encore belge. La France, qui a elle aussi engagé ce chantier de longue haleine, est donc loin du point d'arrivée. Le Parti socialiste se trompe de cible en s'attaquant au pacte. Plaider pour une baisse d'impôts serait légitime, à condition de la financer par une réduction des dépenses publiques. A quand des propositions concrètes d'économies de la part du PS ?


 
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